Revivre

Qu’est ce que revivre ?

C’est:

Répéter, reproduire le passé, comme si on y était. Ce revivre peut être un ressassement, prenant une allure d’obsession, engendrant souffrance, mélancolie, dû à un deuil qui ne finit pas, à un attachement qui ne veut pas lâcher, à une compulsion de répétition.

C’est aussi :

Renaître,  se renouveler, reparaitre, reprendre un cours de la vie, après une disparition, une dépression, une maladie, un retrait ou un isolement. C’est vivre A NOUVEAU. Se sentir neuf, retrouver son énergie, renouer avec soi. Reprendre la route, repartir.

Le premier revivre possède  une vertu thérapeutique au cours d’un travail psychothérapeutique ou analytique.

Il est alors un revivre permettant de re trouver toutes ces  émotions enfouies, ces souffrances exilées, cet abime en soi que l’on sent mais ne veut pas voir.

Ce revivre se traduit par la réminiscence d’une partie de mémoire inconsciente, des points de vue sur son histoire qu’on avait occultés, des pulsions refoulées.

Revivre un évènement traumatique ou des épisodes de vie difficiles, mettre sa mémoire  en mots pour la partager, et ainsi associer, comprendre, intégrer, comparer, élargir son champ de vision. C’est le travail psychique d’auto-guérison.  La force destructrice de l’émotion traumatisante diminue, laissant place petit à petit à une réparation  et un renouveau. Un réveil !

Ainsi revivre c’est :

Trouver dans le passé les ressorts qui poussent vers l’action de nouveau. Faire revenir le passé pour reprendre l’agir.

C’est cela l’enjeu du revivre.

Entre les deux,

D’une part retrouver le passé, comme si on y était, en ressentant à nouveau les émotions des situations revécues, en s’y plongeant

Et d’autre part, revivre à nouveau, se renouveler, renaître, par exemple après une maladie, ou un choc émotionnel, ou une dépression : je repars, je revis.

On peut avoir l’illusion dans ce cas que l’on ferait comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé, comme si la vie redevenait comme avant.

Mais guérir n’est pas revenir comme avant. C’est au contraire une renonciation à un état antérieur, un passage à un état différent. La conscience lucide que guérir n’est pas revenir est une avancée vers la guérison, car c’est un pas vers cette renonciation.

La santé après la maladie n’est pas la santé antérieure. Le fait d’être guéri signifie ne plus avoir besoin du médicament, ou de la thérapie.

« Il n’y a pas de guérison sans un travail, sans une élaboration, sans un récit, une fiction précisément dans laquelle la personne est impliquée parce qu’il y a un JE » 1

Les deux sens du revivre sont deux axes de notre vie : entre les deux se situe une tension, qui fait que la vie prend un sens ou un autre, entre ces deux polarités, ces deux extrêmes qui se repoussent et s’attirent en même temps.

La thérapie favorise le lien entre ces ceux pôles, pour que la vie ne se cristallise par sur un passé perdu, ou une fuite en avant sans mémoire.

« Alors un revivre survient, qui délivre d’un autre, de celui qui obsédait, qui bloquait tout, sans qu’on le sache. » 2

Inspiration et citations

1  Alain EHRENBERG. La fatigue d’être soi. Dépression et société. Odile Jacob 2000

2  Frédéric WORMS : Revivre , Eprouver nos blessures et nos ressources. Flammarion 2012.