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La transformation

Un courant discret

Tout changement advient après qu’un courant discret et invisible l’a porté souterrainement. Des éléments reliés, mêlés y contribuent, qui ne sont pas dissociables. Le processus de transformation s’élabore en un tout, dont il n’est pas possible de discerner les détails au moment où il se passe. Ce n’est qu’après coup, quand la transformation se donne à voir en un signe tangible, extérieur, que peut se dire l’intuition vague qu’il se passait quelque chose, en catimini, en arrière-plan. Le processus évolutif apparait presque soudainement, non décelable auparavant, et pourtant évident, lorsqu’il est sous les yeux. (Ainsi en est-il par exemple de la traversée des âges. On ne se voit pas changer à chaque instant, jour après jour et pour chaque aspect de notre personne. Cependant le vieillissement se réalise malgré nous, au-delà de nous. Nous nous le figurons mieux en considérant les photos, où la transformation saute aux yeux, qui pourtant n’avait pas été perçue au quotidien durant le processus).

Un processus en sourdine

La préparation à la transformation s’effectue par le travail psychique sous-jacent, par une installation des fondations venant soutenir en soubassement le changement émergent. Ne se réalisent les mises en œuvre, les actions libératrices que lorsque le sujet est prêt. Et il  saura qu’il est prêt lorsque le changement sera visible à ses yeux et aux yeux de tous. Sans qu’il l’ait anticipé, ni senti venir. C’est un décalage, un pas de côté imperceptible, une fermeté nouvelle. On ne peut pas dire tout de suite ce qui a changé. Quelque chose s’est déplacé. Comme si quelques pièces d’un puzzle avaient légèrement bougé. Cela modifie l’ensemble, même si on ne saisit pas de suite quelles pièces sont touchées.

Dans l’analyse, l’indicible a été dit. Et ça remodèle le rapport au monde, aux autres. Quelque chose qui était coincé se dé-fixe. Et le flux d’énergie court à nouveau.

Un savoir au  cœur de l’être

La transformation commence et se situe d’abord au plus intime. Elle ne peut être appréhendée tant qu’elle est au cœur de l’être, sans distance. Le processus de changement est continu, et se réalise à l’insu du sujet. Seul l’effet extérieur sera perceptible. D’abord, quelque chose se constitue à l’intérieur, un savoir qui était déjà présent, mais enfoui, recouvert de contre-vérités, de croyances, d’aménagements divers. Ce savoir va s’amplifier, s’enrichir d’éléments de l’inconscient personnel, de symbolique, de mots, de phrases, pour ensuite  s’autoriser à paraitre au grand jour du conscient. C’est sur ce savoir non intellectuel qu’est basée l’analyse. Ce savoir ne peut être ‘convoqué’ à grand fracas, il ne sert à rien de le provoquer. Il ne peut se vouloir, ni se rechercher frontalement. A partir de ce savoir nouvellement émis, le conflit pathogène va s’apaiser jusqu’à devenir gérable.

La désagrégation du symptôme

Le symptôme se convertit dans le conscient. La compréhension du symptôme, de l’intérieur, par l’approche progressive, continue, régulière, des petits et nombreux éléments qui le constituent, le grignote, le désagrège en particules qui se désolidarisent, ne tiennent plus ensemble. Le symptôme puissant et simplificateur, agrégat d’énergies collées à lui, se mue par l’analyse en la multitude des éléments premiers qui l’ont édifié. Il se défait de lui-même, se démet de ses fonctions, désenclavé, désactivé, désarçonné.

Entre

Apparait alors la possibilité du mouvement, du jeu, de l’ ’entre’ : entre l’analyste et l’analysant, entre le présent et le passé, entre le conscient et l’inconscient, entre les séances, entre le déroulement intérieur à bas bruit, et l’émergence extérieure sonore, entre les peurs et les désirs, entre les rêves et la réalité. Dans ces interstices propices aux échanges, ce qui était figé circule. Il y a séparation, dé-collage de parois. Profitant de ces espaces de liberté, les déplacements se multiplient, laissant affleurer à la surface puis prendre place les nouvelles façons de considérer les évènements, les évidences et les prises de conscience faisant leur place d’elles-mêmes.

Il existe ainsi une continuité entre le mouvement silencieux des rouages intimes qui se dénouent, se renouent, et le déploiement à la lumière de l’extérieur.

La séance sert de catalyseur et le temps entre les séances permet de décanter. L’efficacité du processus analytique repose sur le laisser agir, l’observation, la durée, et non sur le forçage, la volonté, le chantage ou la persuasion.

Inspiré par :

François Jullien : cinq concepts proposés à la psychanalyse. La transformation silencieuse.

 

 

 

 

Comment aller mieux ?

Pour aller mieux, la première étape est de savoir ce qui ne va pas bien

Explorer les conflits intérieurs, les nœuds, ce qui rend malheureux, ne pas le laisser de côté en disant: « ça passera. »

Interroger les signes du ‘je vais mal’: tristesse, déprime, manque de goût à vivre, addictions, comportements répétitifs, compulsifs.

Dans tous les cas, quelque chose à l’intérieur ronge, veut s’exprimer, n’est pas entendu. On s’est mis dans des impasses de vie, avec une situation professionnelle ou personnelle qui ne nous conviennent plus, une frustration permanente avec un  rêve inaccompli. On se sent en échec dans sa vie.

L’élément déclencheur, la prise de conscience du fléchissement du Désir est un repère.

Ensuite, commencer à suivre les fils conducteurs, les pistes de son intime:

  • Explorer ses émotions.
  • Explorer son enfance:  qu’est ce qu’on n’ a pas bien dépassé? quels sont les enjeux encore actifs?
  • Apprendre à se connaître : ses rêves, ses souvenirs, ses peurs et ses désirs.
  • Puis à partir de cette meilleure connaissance, l’action : comment améliorer sa vie, comment sortir d’une impasse, comment parler à quelqu’un, comment agir là où on est toujours resté pétrifié, comment sortir de ses inhibitions.

Cette partie action est indispensable, mais elle ne signifie pas qu’il faut agir à tout prix: L’action est une mise en oeuvre, un compromis, une synthèse. (Il y a aussi ceux qui doivent apprendre à ne pas agir, car pris dans une compulsion d’actions, signe de fuite.)

Aller mieux : quand l’être est en adéquation avec l’action.

Aller mieux: Ne pas continuer à s’adapter coûte que coûte sans jamais s’exprimer. Se familiariser avec ses zones d’ombre , pour ne pas continuer de vivre à côté de sa vraie vie.

La désorganisation de soi passe parfois inaperçue dans une vie en apparence très normalisée, les causes en sont alors profondément enfouies.

Exemple: « Si j’ai fait les études que ma famille a choisi pour moi , sans me poser aucune question à l’époque sur ce choix, je peux très bien me retrouver à 40 ans, malheureux de mon métier, en rébellion constante, mais m’obligeant à tout supporter, car j’ai femme et enfant, et appartement à payer. Si, de plus, ayant négligé ma famille par mal-être, j’ai peur de me retrouver seul parce que ma femme menace de me quitter, alors là, je suis au plus mal. »

Des réactions doivent avoir lieu avant, pour ne pas se laisser entrainer vers une spirale, dont on a ensuite beaucoup de mal à sortir.

Les conflits passés, non résolus, sont réactivés, dans le cas où des difficultés au présent sont en résonance avec ce poids encombrant. Le passé et le présent sont liés.

Le psychisme a une tendance naturelle à la répétition des mêmes comportements, autrefois érigés comme réponses à des stress, à des situations difficiles. Or, ces comportements ne sont pas appropriés dans les situations présentes. La façon d’agir ancienne, issue d’un modèle d’action élaboré dans le passé pour se défendre au mieux, pour se conformer au mieux, ne convient plus.

Le mal-être s’inscrit quand on se sent dépassé, quand on n’a plus l’impression de choisir mais de subir sa vie, quand on n’est plus « aux commandes ».

Exemple:« Je me mets toujours en échec quand j’ai une épreuve importante à passer. Pourquoi ? qu’est ce qui est en résonance ? Des remarques blessantes entendues dans ma jeunesse: « tu n’arriveras jamais à rien ». Je les entends toujours et je me mets en échec pour correspondre inconsciemment à ces paroles. »

Aller mieux: Reprendre un développement après une dérive ‘hors de soi.’